Edgard pillet creusets peinture et sculpture

Accueil Sculpture  >  Imprimerie Mame

amerique edgard pillet artiste peintre

IMPRIMERIE MAME

Département / Ville : Indre-et-Loire / Tours
Commanditaire : Alfred Mame
Architectes : Bernard Zehrfuss (1901-1996), Jean Drieu la Rochelle
Constructeur : Jean Prouvé (1911-1984)
Décorateur : Edgar Pillet, peintre (1912-1996)
Dates de construction : 1950-1953

> VOIR LES PHOTOGRAPHIES (PDF)

L’imprimerie Mame fait partie du patrimoine culturel de Tours depuis la fin du XVIIIe siècle. En 1796, la famille d'imprimeurs Mame originaire d'Angers installe une usine près des Halles de Tours. Fin juin 1940, la grande entreprise Mame, établie à Tours, est réduite en cendres. Le coup est dur pour cette entreprise d’imprimerie qui a pignon sur rue depuis la fin du 18e siècle. L’usine se réfugie donc dans des ateliers de fortune prêtés par la SNCF, également détruits lors du bombardement de 1944. Après la guerre, Alfred Mame, arrière-petit-fils du fondateur qui avait fait construire la nouvelle imprimerie en 1845, décide à son tour de créer une usine modèle.

Sensible à l’art de son époque et lié d’amitié avec des artistes et des écrivains (dont il publie certaines oeuvres), Alfred Mame choisit tout naturellement d’intégrer une dimension esthétique à son « usine de livres ». Les artistes auxquels il fait appel, appartiennent de près ou de loin au mouvement esthétique Synthèse des Arts Plastiques dans la perspective initiée par le Corbusier, qui intégrait dans une même oeuvre architectes et artistes. L’idée, reprise par le sculpteur – peintre – ingénieur – architecte André Bloc, aboutit à la création du Groupe Espace en 1951 dont le président, Edgar Pillet, va collaborer au projet de l’imprimerie Mame.

Une nouvelle imprimerie est alors construite à partir de 1950 sur un terrain de 3,5 hectares en bordure de Loire. L'architecte Bernard Zehrfuss, associé à Jean Drieu La Rochelle, propose deux bâtiments modulaires reliés entre eux par une passerelle. Le premier édifice est une tour qui abrite les bureaux administratifs. Le deuxième, situé plus bas, regroupe les ateliers.

La structure des ateliers est à l'image de l'architecture de l'époque, c'est-à-dire en béton brut ; l'ossature est faite de poteaux et de poutres. L'ensemble forme un grand volume de 5432 m² qu'il a fallu éclairer. Pour cela, Bernard Zehrfuss travailla avec Jean Prouvé. La toiture permet d'illuminer l'espace de manière régulière, Prouvé fit en effet installer 672 sheds d’aluminium disposés sur une structure en acier, une première en Europe, qui recouvre l’ossature.

Par ailleurs, Prouvé construit quatre pavillons en aluminium sur le toit-terrasse de la tour administrative. Ils sont pourvus de baies vitrées et de hublots colorés. Le bureau du directeur et la salle de réunion du conseil d’administration y sont installés. À noter que la toiture de la salle de réunion déborde et elle prend la forme d'une coque.

Le peintre Edgar Pillet se chargea de décorer les cloisons intermédiaires des ateliers avec des fresques abstraites de couleurs jaune, bleu, blanc, gris et noir. Il a aussi dessiné le mobilier de bureau, composé de tubes métalliques.

Ces bâtiments ont reçu en 1954 le grand prix d’architecture industrielle de Milan2 et font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 23 mars 20003.

Source WIKI 2014

Actualité

Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en mars 2000, l'imprimerie Mame a poursuivi son activité jusqu'en 2011. L'extension des ateliers réalisée au cours du temps illustre la validité du concept initial. L'imprimerie fait aujourd'hui l'objet d'un projet de restauration et d'une réutilisation au profit notamment d'une école d'art et d'un pôle d'art graphique.

Désireuse d’entreprendre leur restauration, la ville de Tours retiendra, pour transformer le bâti en pôle des arts graphiques, Franklin Azzi, qui, avec l’aide de Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques, effectuera un premier travail, quasi archéologique, qui consiste à repérer les éléments originaux – châssis, poutres, peintures.

Les photographies d’archive ont permis de retrouver les dispositions d’origine du bâtiment. Concentré sur le strict nécessaire, la reconversion d’un bâti industriel et la valorisation de ses indéniables qualités révélées lors d’une analyse fine, l’agence opte pour la sobriété. Dans un second temps, viennent se glisser les équipements indispensables au nouveau programme.

Seul espace de liberté : l’extérieur. En accord avec la DRAC (direction des Affaires culturelles) et les services des monuments historiques, les remparts d’une ancienne caserne sont détruits pour libérer un grand parvis incliné qui reconnecte le bâtiment à son usage dans le paysage urbain. Le premier enjeu concerne la réhabilitation de l’enveloppe. Compte-tenu de l’épaisseur du bâtiment, le cœur des plateaux de la Tour ne bénéficie d’aucun apport de lumière naturelle. Afin d’obtenir un facteur lumière du jour suffisant, l’ensemble des baies maçonnées existantes seront ré-ouvertes.

Ces modifications en façade conservent cependant la logique constructive du bâtiment, puisqu’il a été conçu pour supporter de nombreuse transformation et possibilité d’extension. Les châssis existants, sont restaurés par rétablissement des dispositions d’origine. Ce travail sur les menuiseries participera également à l’amélioration du confort thermique des futurs usagers.

Dans la même idée, la création de trémies dans la dalle du rdc haut, par un procédé d’évidement des remplissages béton, permettra de faire pénétrer la lumière zénithale des sheds jusqu’au rdc bas sans impacter la structure porteuse des Ateliers. Architecture d’exception, les éléments patrimoniaux spécifiques tels que, la structure modulaire pensée par Bernard Zehrfuss, les travaux de «mise en couleur» du peintre Edgard Pillet, ainsi que les éléments de serrurerie, les escaliers, les sheds, conçus par Jean Prouvé, seront intégralement conservés.

Nos interventions engagent ainsi a minima les travaux dits «lourds» sur la structure primaire du bâtiment, et s’attachent à mettre en scène une certaine idée de réversibilité.

Source ESBA 2014

VOIR LE REPORTAGE :